Enquête préalable à la déclaration d’utilité publique du projet d’amélioration des performances de la ligne C3 présenté par le SYTRAL
25 Juin 2015
Le Collectif C3ctrop souhaite attirer l’attention des commissaires enquêteurs sur plusieurs remarques préliminaires.
Un tract du SYTRAL qui fausse l’enquête publique
Plusieurs dizaines d’usagers et riverains de la ligne C3 ont interpellé le collectif C3ctrop suite à la réception dans leur boîte aux lettres d’un document émis par le SYTRAL, dans la semaine du 15 juin 2015. Ce document précise notamment aux "usagers de la ligne C3, riverains, commerçants, automobilistes et cyclistes" que "le projet d'amélioration de la ligne C3 est conçu pour eux". Il indique également que "les projets alternatifs sont surdimensionnés et irréalisables à court terme" en évoquant le coût d'un tramway et d'un métro.
Le collectif C3ctrop trouve malhonnête de la part du SYTRAL de vouloir orienter l'enquête publique en cours et demande, non pas un tract de propagande pour les voies bus, mais la diffusion d'une étude comparative sérieuse entre tramway et trolleybus, afin que les usagers et les habitants débattent avec les élus du SYTRAL du meilleur projet.
Comme la loi le lui impose, le SYTRAL a saisi le préfet[1] pour l’organisation de l’enquête : que le porteur du projet communique explicitement durant l’enquête pour promouvoir son projet relève d’un dysfonctionnement gravee de la procédure, susceptible d’influencer fortement le contenu des registres d’enquête et qui influence de fait les conclusions du commissaire enquêteur.
Le Collectif C3ctrop joint à sa contribution le tract du SYTRAL : pièce jointe n°1.
Une partie de la population écartée de l’enquête publique
Sans doute, plus de personnes auraient souhaité pouvoir contribuer à cette enquête publique : ceux qui travaillent (loin notamment) et qui ne pouvaient se rendre à un des lieux où se trouvaient les registres, leurs horaires ne le leur permettant pas.
Aussi, le Collectif C3ctrop auraient souhaité voir, à l’ère du numérique, la possibilité de pouvoir envoyer en ligne ou par mail leur contribution. Certes, la possibilité existait de le faire par envoi postal, mais il est bien plus facile pour certains d’entre nous (notamment les jeunes), de poster son avis sur un formulaire via internet que de l’écrire et l’envoyer par la Poste.
Plusieurs usagers ont déclaré au Collectif C3ctrop qu’ils ne se voyaient pas prendre un jour de congé pour aller écrire sur le registre d’enquête publique.
Par ailleurs, la prorogation de l’enquête (date de fin reportée du 12 juin au 26 juin) décidée par le commissaire enquêteur n’a pas fait l’objet d’une mise à jour de l’affichage réglementaire prévus sur les lieux prévus pour la réalisation du projet.
Une enquête publique qui aurait dû avoir lieu après l’étude de faisabilité du C3 en tram
Cette étude, commandée par le Sytral à un bureau d’études, est actuellement en cours. L’enquête publique aurait dû avoir lieu après cette étude de faisabilité, afin de permettre d’éclairer les débats lors de l’enquête publique.
Retards fréquents, temps d’attente aléatoires, bus bondés, temps de parcours longs, non-priorité aux feux, etc. Le SYTRAL promet de se pencher sur ces problèmes depuis un certain nombre d’années, sans jamais tenir ses promesses !
Une première phase d’aménagement de la ligne C3 qui a eu lieu en 2007 est sans conteste un échec, car les trajets sont aujourd'hui beaucoup plus longs et moins réguliers qu'avec les deux lignes 1 et 51 existant avant 2007. Les solutions provisoires qui ne sont pas venues, doivent laisser la place à des solutions pérennes, efficaces et ambitieuses, les solutions du long terme.
1/ Un coût du projet flou
Il y a un flou sur le coût du projet : le Sytral communique sur 55M€, sans préciser que c'est Hors taxes. Il faut donc y ajouter le coût de la TVA. Mais dans le dossier d'enquête, page 263 du dossier, il est écrit le coût est "59,6M€HT aux conditions économiques 2012. Un inflateur de 3% des couts TC est considéré." Ce qui fait que le coût valeur 2015 est de 65M€, soit 10 M€ de plus que ce qui est annoncé partout par le Sytral !!
Sous-estimation délibérée du coût du projet de voies réservées et sur-estimation de celui du tramway : le Sytral veut-il nous tromper ?
2/ 2019, délai annoncé pour la fin des travaux : encore du retard !
Ce projet est inscrit au plan de mandat du Sytral depuis 2002, et il n’est pas envisageable d’attendre encore 4 ans pour voir des améliorations sur la ligne. Ce délai prévu il y a seulement 2 ans, pour 2017-2018 est inacceptable !
Des améliorations auraient pu être engagées depuis longtemps, mais la 1ère ligne forte de l’agglomération lyonnaise n’est pas prioritaire car d’autres projets sont passés bien avant : le débranchement du T3 pour aller au Grand Stade ou le T5 pour aller à Bron Eurexpo et ne transportant que 5 700 voyageurs par jour, auront vu le jour avant, bien que programmés après.
3/ Pour un projet ambitieux et pérenne : la solution tram est à réaliser dès maintenant
Il est indispensable de construire un projet ambitieux et qui voit loin. Le SYTRAL prévoit un projet d'aménagement des voies réservées au bus en double-sens entre le pont Lafayette et le pôle L. Bonnevay en 2019 : projet sans cesse repoussé, initialement prévu en 2008. Ces travaux de 70M€ doivent permettre de transporter 76 000 voyageurs par jour en 2030, contre 58 000 aujourd’hui. Or, d’imortants projets de développement urbains vont encore augmenter le nombre d’usagers et rendront le C3 saturé dès sa mise en service: quartier Part-Dieu (plus de 30 000 emplois nouveaux, 2000 logements de plus d'ici 2030), Médipôle rue Léon Blum à Villeurbanne en 2017 (déménagement de la clinique du Tonkin).
De plus, compte tenu de l’évolution démographique des villes de Vaulx-En-Velin, Villeurbanne et Lyon, et comme indiqué dans le projet d’aménagement, nous serons bien plus que 76 000 usagers sur cette ligne à l’horizon 2030. Faudra-t-il alors engager de nouveaux travaux d’aménagement pour enfin envisager la mise en circulation d’un tramway ?
La mise en place d’un tram nous semble donc plus adaptée et plus pertinente pour accueillir un flux important d’usagers qui sera de toute façon amené à être encore et toujours plus important. Il faut passer à la solution Tram tout de suite, puisque le trolley bus ne sera de toute façon plus adapté un jour.
Le Sytral se doit de traiter ses voyageurs avec équité et de choisir le transport le plus adapté pour l'intérêt de ses usagers et des villes desservies, sans penser à court terme la desserte de lieux dont la fréquentation sert d’abord des intérêts particuliers (Stade des Lumières par exemple).
1830 usagers du C3 se sont associés au Collectif C3ctrop pour « demander maintenant un tramway sur la ligne C3 » : pétition en pièce jointe n°2. 802 personnes ont signé la pétition en ligne et 1028 la pétition papier, du 30 mai 2015 au 25 juin à 15h00..
4/ Pour 76 000 voyageurs par jour, le tramway s'impose
Pour d'autres lignes moins fréquentées, le Sytral a choisi le tramway:
• Tramway T3 (Meyzieu): 32 000 voyageurs/jour
• Tramway T4 (Vénissieux): 49 500 voyageurs/jour
• Tramway T5 (Bron/Eurexpo) : 7000 voyageurs/jour
Mais pourquoi seulement un bus sur C3 pour 76 000 voyageurs par jour ? Un tramway transporte plus de monde qu'un trolleybus (deux fois plus de voyageurs par véhicule), il est plus spacieux et plus confortable.
Un tramway est plus rapide et plus régulier, notamment car les voitures, qui se garent sur les voies bus et gênent les bus, n'osent pas se garer sur les rails du tramway...
Un tramway est plus économe en énergie qu’un trolley au kilomètre-passager, essentiellement parce que son mode de roulement limite énormément les frottements.
Un tramway réduit la circulation et la pollution, car des automobilistes abandonnent plus facilement leur voiture pour prendre le tramway plutôt que le bus.
5/ Le tramway : une meilleure gestion de l'argent public et de la ville
Si le SYTRAL réalise l'aménagement des couloirs bus en 2019 pour 70 M€ et constate que la ligne nécessite un tramway car les bus ne suffisent plus, il devra détruire les aménagements et recommencer des travaux pour construire le tramway : 2 fois les travaux, 2 fois la gêne aux riverains et aux commerçants, des coûts totaux supérieurs au coût de réalisation du tramway dès le départ : pour plomber assurément un projet ultérieur d’aménagement en tramway, on ne s’y prendrait pas autrement…
Pour Vaulx-en Velin, Villeurbanne et Lyon, pour les usagers, le tramway offrira un meilleur service de transport et embellira la ville : il enlèvera de la circulation au profit des modes de déplacements non polluants, il permettra de réaménager toutes les rues (cours Tolstoi, rue Léon Blum, place Grandclément...).
6/ Amélioration des informations données aux usagers
Les informations sur les temps d’attente données sur les panneaux d’affichage à messages variables situés aux grands arrêts de la ligne C3 ne sont pas suffisamment précises et fiables. Il est urgent d’améliorer la qualité et la fiabilité de ces informations en direction des usagers. Cela est certes difficile lorsque l’on constate que deux trolleys se touchent (ce qui arrive fréquemment) ou qu’il s’écoule plus de 10 minutes entre deux trolleys…
7/ Création d’un Comité de ligne, instance de concertation pérenne et régulière
Le Collectif C3ctrop souhaite la mise en place d’un comité de ligne C3 au sein duquel des usagers et riverains de la ligne issus de Vaulx-En-Velin, Villeurbanne et Lyon pourront avec le Sytral contribuer de manière démocratique et constructive par leurs propositions à l’amélioration de la ligne C3.
Le Collectif C3ctrop souhaiterait participer très activement à la création de ce comité de ligne, puis par la suite à ses réflexions et propositions.
8/ De vraies réunions de concertation publique
Compte tenu de l’interruption par le Président du Sytral de la réunion de concertation du 14 mai 2013, seule réunion publique officielle qui s’est tenue dans le cadre de cette concertation publique, nous demandons la mise en place en urgence d’autres réunions publiques. La concertation publique est un moment privilégié d’échanges avec les citoyens et il est plus qu’indispensable pour la démocratie de reprendre ce processus.
[1] arrêté préfectoral n°E-2015-151 du 17 avril 2015